L'île où tu es né, c'est là que tu dois vivre. On peut t'obliger à partir, il faudra que tu reviennes. L'eau de ton baptême a été fournie par le ciel au-dessus de ces falaises et, durant que ta mère te portait, les voilà ces brisants qui ont plusieurs fois soutenu le choc de la tempête, ces rochers, ces herbes rases sur lesquels a glissé la brume. Respire : ne reconnais-tu pas l'odeur de cet air ? Marche : la peau de tes pieds a-t-elle oublié ce sol ? Contemple : y a-t-il parmi ces moutons une bête étrangère qui ne sache pas se protéger du vent ? Ecoute : le hennissement des chevaux, la chanson des moulins, la clameur des vagues de la marée montante, ne sont-ils plus les mêmes ? Ne dis rien. Des enfants nés de ta chair courront aussi dans les limites de cet espace et, lorsque les enfants de tes enfants commenceront à songer au mariage, toi tu seras allé dormir dans une de ces vieilles tombes.
Y. Queffelec L'homme d'Ouessant
mercredi 13 décembre 2006
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