vendredi 27 avril 2007

An aye for the Eye



L'hebdomadaire californien Arcata Eye se décrit lui même comme le 'journal pour midinettes le plus désagréable d'Arcata.
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Les hommes des cavernes avaient modérément conscience de la beauté



Selon les illuminés d’Urantia « La naissance des deux premiers êtres humains se situe exactement 993.419 ans avant l'année 1934 de l'ère chrétienne. Ces deux remarquables créatures étaient de véritables êtres humains. Elles possédaient un pouce humain parfait comme beaucoup de leurs ancêtres, mais elles avaient également des pieds aussi bien formés que ceux des races humaines d'aujourd'hui. Ces êtres étaient des marcheurs et des coureurs, non des grimpeurs ; la fonction préhensile du gros orteil était absente, complètement absente. Ils éprouvaient de l'admiration tant pour les objets que pour les autres êtres et faisaient montre d'une extrême vanité. Ces humains primitifs avaient modérément conscience de la pitié, de la honte et de l'opprobre, et une conscience très aiguë de l'amour, de la haine et de la vengeance ; ils étaient également susceptibles d'éprouver des sentiments marqués de jalousie. »

samedi 14 avril 2007

jeudi 12 avril 2007

Fabuleuse Vanessa Beecroft




Aéroport J.F. Kennedy, New York
















Rumbek, Soudan, 2006
D'autres performances de Vanessa Beecroft ici

mercredi 11 avril 2007

No te hemos olvidado, Rubén




La pianística cubana está de luto. Murió el maestro Rubén González. La misma artrosis que lo aquejaba y que él espantaba con solo acercar sus virtuosas manos al teclado, ha apagado a la genialidad, al gran músico, a la leyenda. Hoy, cuando sea sepultado en el Cementerio de Colón, quedará en sus coterráneos una sensación de tristeza tan grande como la que emanaban de los preludios de Chopin y los boleros que tanto le gustaban.
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Regardez-le jouer. Etonnant

Mais qui se perd se retrouve en tout




L'amour effraie plus que la guerre, car on se bat pour se conserver, on aime pour se perdre. Mais qui se perd se retrouve en tout.
Bernard Delfendahl

Richard Avedon : Andy Warhol

A Frozen Sunrise by Roberto Carli













D'autres photos fabuleuses de Roberto Carli ici et ici et ici

jeudi 5 avril 2007

mardi 3 avril 2007

Raymond Depardon : trouver sa place



J‘avais une certaine appréhension parce que c’était mon premier voyage en Amazonie. Et j’avais cette préoccupation de ne pas être comme dans tous les voyages que l’on fait pour la première fois, c’était un peu comme une première rencontre. Bien sûr, je savais que c’était un grand peuple, j’avais lu des livres, des récits, mais je craignais d’être impressionné par la forêt parce que je suis plutôt quelqu’un qui vient du désert. Je connais surtout l’Afrique, où j’y ai vu des gens assez proches par certains aspects, mais en passant vite. Chez les Yanomami, il fallait que je trouve ma place, je suis très soucieux de ça, de trouver la bonne place.

J'étais seul, il n'y avait pas d'équipe qui les poursuivait comme des vautours pour les transformer, pour faire du people ou je ne sais quoi. Je ne me sentais pas paparazzi, et eux se savaient filmés, bien sûr, mais ça ne les changeait pas. Quand ils voulaient faire quelque chose ils le faisaient, et je restais à ma place. J’étais un visiteur, je passais, j’étais accueilli, reçu et même souhaité et ils ont offert leur image à quelqu’un qui ne connaissait même pas leur existence. J’ai tenu mon rôle de passeur, je suis un passeur. Je ne pense pas être un voyeur, en tout cas pas dans le mauvais sens du terme. Bien sûr qu'on l’est dès que l'on fait une image. Si je suis un voyeur, je suis un voyeur professionnel mais dans le sens de bien passer ; je sais ce que je fais là, pourquoi je le fais, je connais les réponses. Et donc à travers le cadrage et une façon de filmer où le montage n’est presque pas nécessaire, je livre ce que mon regard a capté et a conservé.

Le plus important c’est de se mettre à leur hauteur, avec des moyens. Il y a plusieurs façons de filmer les choses, la première c’est d’utiliser un matériel sophistiqué et le meilleur possible. Là je prendrai à l’Occident, au monde ‘civilisé’ cet avantage. Kodak m’a fourni son dernier film qui n’était même pas encore sorti et, sachant que j’allais tourner là-bas, ils ont avancé la date de livraison, l’ont fait monter spécialement à Rochester et me l’ont livré dans les délais pour que je puisse partir avec. Je trouve ça formidable. Que je filme Depardieu, Adjani ou les Yanomami, je veux le faire le mieux possible. J’ai toujours pensé que pour éviter le misérabilisme, il faut employer les meilleures techniques, que je filme une vedette ou un inconnu. Pour moi les Yanomami ont été des vedettes, des gens très importants.
Raymond Depardon

Paris, 20 décembre 2002
© R. Depardon/J.-P. Razon/Survival

Le rêve et l'invisible de Claudia Andujar















Lors de mes séjours chez les Yanomami au cours des vingt-cinq dernières années, je me suis efforcée de réaliser un travail d'auteur à travers le langage de la photographie. J'ai tenté de représenter consciemment ou non le monde yanomami.

Il ne fut pas facile de trouver des solutions visuelles permettant d’appréhender la magie de la lumière, les rayons de lumière, dans une maison plongée dans la pénombre. Il est vrai que les constructions yanomami, aux toits élevés et fermés, m’ont permis de trouver des solutions naturelles : grâce aux espaces dans la toiture destinés à l’échappement de la fumée des foyers et qui permettent ainsi la pénétration de rayons solaires. Dans certaines images, j’ai mis à profit la montée de la fumée dont les volutes créaient un voile lumineux.

A l'époque je ne comprenais pas très bien le concept yanomami de la duplicité du chamane et des entités 'xapiripë' qu'il invoque. Je me suis laissée guider par l'intuition, par mes rêves. Les xapiripë descendent, lumineuses, dansant sur de grands miroirs, entités humanoïdes, parées, magnifiques, invoquées par le chamane, intermédiaire entre leur monde et celui des hommes.

Danse incantatoire, imitant le chant des entités xapiripë, les doubles d'animaux et autres éléments de la nature comme I'esprit de I'eau, de la foudre, du tonnerre, du vent de la nuit, à qui le chamane fait appel pour guérir un malade, voyager au bout du monde ou encore, recevoir une réponse à ses questions que I'homme commun ne comprendrait pas mais auxquelles le chamane a accès pendant la transe.

Transe vitale pour résoudre la conduite de la collectivité lors de situations complexes, parfois de nature politique, comme la mort causée par un ennemi, par la sécheresse, par le déluge…, situations dont la solution n'apparaît pas à I'homme commun. Ainsi, les chamanes s'adressent-ils aux entités du monde primordial que seul un être initié peut entrevoir. II invoque les xapiripë qui descendent des hauteurs des montagnes, dansant sur leurs miroirs, ne se contaminant jamais au contact de la terre, fluctuant dans I'air, dans I'enceinte de la place centrale de la grande maison, le lieu sacré des rituels. Ils se manifestent sous la forme de minuscules humanoïdes spécifiques, avec leurs noms d'animaux ancestraux, se distinguant ainsi des animaux de chasse, les ‘yaropë’ qui peuplent actuellement les forêts et qui sont comestibles. Munis d'instruments propres à leurs espèces, ils sont des entités qui ont le pouvoir de guérir et de guider le chamane dans ses voyages.

Je comprends aujourd'hui que les ‘xapiripë’ représentent le monde d'une première humanité qui existe toujours et qu'ils orientent les Yanomami à travers leurs élus, les chamanes.
Les entités ‘xapiripë’ invoquées par le chamane sont splendides, richement parées, enveloppées de lumières et de brillance, dansant sur d'immenses miroirs. C'est cette image qui habite la vision du chamane pendant qu'il 'travaille' – expression qui se rapporte au chamanisme, selon Davi Kopenawa. Des lumières, d'innombrables lumières, transitent le long de la trajectoire des ‘xapiripë’ lorsque ceux-ci convergent des hauteurs vers le centre de la grande maison, dans I'espace réservé aux rituels.

II me semble que dans la vision yanomami il y a superposition d'êtres. L'homme-chamane mortel reçoit dans sa poitrine, lors de la transe, les entités ‘xapiripë’ et se transforme ainsi en un être doué d'une vision et de pouvoirs extrasensoriels, originaires du monde ancestral et immortel. Le chamane participe alors d'un moment de grâce.

Un moment qui nous renvoie à une période de I'histoire humaine en formation, où règne encore une indéfinition de I'identité, où I'on ne sait pas encore où se termine le monde animal et où commence I'humain. II me semble que le chamanisme est profondément lié à un état de transition d'un monde dans ses balbutiements. C'est comme retourner aux temps premiers de I'univers, alors que I'identité des humains commençait à peine à se dessiner.

Les ‘ xapiripë’ sont des entités aux traits humanoïdes, indestructibles, invoquées par le chamane à l'aide de noms propres au monde animal et à d'autres éléments de la nature. Les noms de ces entités éternelles se rapportent aux animaux de chasse, comme le jaguar, I'aigle, le tapir et d'autres encore, mais contiennent un suffixe qui s'ajoute au nom de I'animal. II ne s'agit donc jamais d'un nom identique à celui de l'animal de chasse. C'est son double qui descend des hauteurs, I'entité ancestrale.

Je comprends que le chamane initié à la tradition orale millénaire invoque les 'xapiripë' et transite d'un état d'être à un autre durant I'acte du chamanisme.

II est I'intellectuel, I'artiste de la communauté, I'être créatif qui parvient à rêver, à voyager et à guérir. Grâce à sa grande sensibilité, il possède le don de pénétrer la psyché des autres. II est le lien ‘illuminé’ de I'humanité qui possède le savoir et le pouvoir de délivrer sa communauté du mal. Les 'xapiripë' sont le lien cognitif qui permet au chamane de les visualiser sous forme d'images 'utupë', manifestation visuelle de l'entité spécifique, lumineuse et belle. Parfaites et minuscules entités de la première humanité. ‘Utupë’ est également le nom donné par les Yanomami à I'image photographique. Celle-ci est perçue comme un double de l'être humain, d'un animal ou d'une particule de la nature.

Je ne sais pas si I'image photographique est ou non un objet de crainte dans la culture yanomami. D'après mon expérience, lorsque je leur présentais des images proches de I'extase, un regard perdu dans I'infini lors d'un rituel, par exemple, était immédiatement compris. Le chamane comprend parfaitement de quoi iI s'agit et se lance dans un long discours tout en contemplant I'image, retrouvant en elle le monde des rêves dans un flux de paroles issu de la mémoire orale et visuelle.

D'une certaine façon, photographier, c'est-à-dire produire des images, est associé par les Yanomami aux visions chamaniques, à I'image ‘utupë’. Ce même terme est employé par eux pour désigner la photographie. Cette association est-elle un acte créatif? Permet-elle de faire voyager et rêver? Je I'espère.

Claudia Andujar

Photographe brésilienne, Claudia Andujar a, depuis le début des années 1970, tant par son engagement qu’à travers son œuvre, joué un rôle fondamental dans la reconnaissance, par le gouvernement brésilien, du territoire des Indiens yanomami du Brésil.
Extrait de la conférence donnée aux Galeries nationales du Grand Palais, à Paris, à l’occasion de l’exposition ‘Brésil indien’. (Traduit du portugais par Malou von Muralt), photos de son ouvrage Yanomami (Ed. Dórea Books and Art, São Paulo, 1998).

Une note (en portugais) sur l'œuvre de Claudia Andujar et de nombreuses photos ici

dimanche 1 avril 2007

Lars Raun








D'autres photos de Lars Raun, ici

Jean-Sébastion Monzani

Vittorio Pellaza






Village italien

Lella en Bretagne





Edouard Boubat, 1948

Fermez les yeux

"Fermez les yeux, imaginez un chat. Imaginez une présence noire et douce, une certaine qualité de silence, de ruse, de somnolence. Sur cette présence faussement endormie, plantez deux yeux, des yeux clairs, purs, limpides. Des yeux d'ange si vous voulez. Les anges sont aussi malicieux que les chats - et comme eux, ils passent un temps considérable à dormir. Vous y êtes, vous l'avez ? Un chat noir velours avec des yeux d'ange. Bien. Nous pouvons continuer. A présent, reculez d'un pas ou deux. Trois, quatre mètres ce serait bien. Ne regardez plus le chat. Ne faites pas attention aux moustaches de l'ange. Il faut que ces deux-là - le chat et l'ange - ne se doutent de rien. Maintenant, très vite, vous ouvrez la fenêtre et vous laissez venir. Le plus important dans cette phrase, ce n'est pas le mot "fenêtre", c'est le mot "ouvrir". A partir du moment où vous faites le geste d'ouvrir, tout arrive. J'oubliais : avant la fenêtre, avant même d'imaginer le chat, il fallait ouvrir son coeur - sinon il ne se passera rien, sinon le chat ne viendra même pas vous faire l'honneur de paresser chez vous. Donc, après ouverture, tout arrive. Dans ce tout, on peut citer des jeunes femmes du Brésil et d'ailleurs, des bonshommes de neige sans domicile fixe, des enfants de Paris et de Chine, des poules du Népal et de Corrèze, des chapeaux, des pains de campagne, des giboulées, des fleurs. Mais on n'en finirait pas de citer . Tout ce qui arrive rentre dans la pièce, va et vient. Regardez bien : l'ange ouvre un oeil, soulève une paupière. Le chat lève la tête. En un coup de patte il prend tout ça, enfants, femmes, bonshommes de neige, chapeaux, pains, poules, ombres, lumières - il prend sans prendre. Et maintenant il s'en vont, les deux, le chat et l'ange. Ils portent une petite valise de carton, noire. Sur la valise, une étiquette : "Boubat, Edouard, invisibles en tous genres". Dans la valise, un appareil photo. Voilà. Vous pouvez ouvrir les yeux : tout le monde a disparu. Demeurent les images ".

Brassaï




Notre-Dame de Paris

Renée à Paris







Jacques-Henri Lartigue, 1931

Henri Cartier-Bresson en Brie













Le Grand Prix International Henri Cartier-Bresson
Date limite : 15 avril 2007